Traversée des Grandes Jorasses
par l’arête de Rochefort
Antoine Darbellay du 13 au 15 juillet 2022
Cette grande traversée est incontestablement l’une des plus belles des Alpes. Elle permet à l’alpiniste de gravir 7 sommets de plus de 4000 mètres mais surtout de passer plusieurs heures (jours) sur une arête effilée avec une vue vertigineuse et enivrante.
Mon ami et client, Curt, a déjà fêté ses 62 ans et, c’est loin des performances rapides du moment, que nous sommes partis tranquillement du refuge Torino pour 3 jours d’aventures. Avec suffisamment de nourritures, un bon sac de couchage, un matelas gonflable et tout le matériel technique nécessaire, le sac à dos est lourd, et les mouvements sont moins fluides qu’à l’accoutumée. Heureusement la météo exceptionnelle de ce mois de juillet nous offre tout le temps nécessaire.
Le premier jour, après un réveil matinal à 3 heures du matin, nous gravissons sans problème l’Aiguille de Rochefort (4001m), suivie du Dôme de Rochefort (4015m). Après une pause déjeuner au soleil, nous poursuivons notre route jusqu’au bivouac Canzio. L’escalade est variée et nécessite plusieurs rappels de corde. Nous arrivons vers 14h30 dans cette grande boîte de conserve bien chaleureuse. Nous partageons ce bivouac ainsi que le reste de notre traversée avec 2 alpinistes du sud de la France qui réalisent une longue aventure de Chamonix à Zermatt en effectuant plusieurs enchainements alpins.
Le deuxième jour, en route pour la grande escalade technique de la Pointe Young (3996m), puis les grandes et vertigineuse arêtes de la Marguerite (4065m) et la Pointe Hélène (4045m). Une fois, l’essentiel des difficultés passées, nous devons encore poursuivre vers la Pointe Croz (4110m) et finalement la Pointe Whymper (4184m) où nous décidons de passer la nuit à « l’hôtel mille étoiles ». Malgré l’altitude élevée, nous dormons étonnamment bien et ne souffrons absolument pas du froid.
Le dernier jour, nous nous réveillons vers 4 heures du matin pour pouvoir profiter du lever de soleil sur la mythique pointe Walker des Grandes Jorasses (4208 m). La descente sur le glacier de Planpincieux est longue mais finalement moins difficile qu’escomptée. Après avoir cuisiné tout la nourriture restante au refuge Boccalatte, nous poursuivons cette longue et belle descente dans les prairies et forêts valdotaines. Et ce sont les jambes lourdes et le cœur léger que nous célébrons cette aventure quelques heures plus tard dans le charmant village d’Entrèves.